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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/115

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D’UNE FEMME DU MONDE.

— Si je pouvais mourir !

— Cette journée fatigante t’a un peu énervée, me dit ma mère. Cela n’a rien d’étonnant. Comme tu riras demain de tes folles terreurs d’aujourd’hui ! À quoi penses-tu ?

— Ma petite mère adorée, je pense que, puisque vous m’aimez bien et que vous me voulez voir toujours heureuse… Oh ! c’est peut-être difficile ce que je vais vous demander là, mais cela serait si gentil ! Oh ! oui, dites à M. Grandidier que je suis souffrante, que toutes ces cérémonies m’ont horriblement fatiguée, qu’il vaut mieux que je passe la nuit seule, que demain…

— Pauvre mignonne ! Mais tu te montes l’imagination ! Tu le lui diras toi-même, à ton mari, et il sera enchanté de commencer son règne par… un don de joyeux avénement.

Elle sourit et continua :

— Ne dirait-on pas à t’entendre que c’est le diable en personne que tu vas recevoir ! Ah ! si tu n’aimais pas ton mari, si tu étais dans la situation de quelqu’une de ces malheureuses jeunes filles que l’on met, presque de force, en tout cas contre leur bon plaisir, dans le lit d’un monsieur pour lequel elles n’éprouvent que de l’aversion, sinon plus !…