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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/117

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D’UNE FEMME DU MONDE.

mis de passer par le monde sans y jamais rien voir que les roses offertes à sa beauté, à sa grâce et à son esprit. Quelquefois, peut-être, une épine avait rencontré le bout de son doigt : la souffrance avait été vive, mais brève, à peine avait-elle duré l’espace d’une seconde et s’était évanouie.

Et j’éprouvai soudain comme un remords d’avoir, ne fût-ce qu’un instant, assombri ce visage radieux, plissé ce front si pur, mis quelques larmes dans ces beaux yeux clairs.

Je fis un effort sur moi-même, je souris et, l’ayant embrassée :

— Bonsoir, petite mère. À demain.

— Ah !… Voilà que cela va déjà mieux.

Je souris de nouveau et dans le baiser que je lui donnai, j’étouffai un sanglot.

Elle sortit.

J’entendis le bruit léger de ses pas et le froufrou de sa robe s’évanouir dans le silence.

J’étais seule, toute seule maintenant, dans cette vaste chambre que M. Grandidier, que « mon mari », venait de faire aménager pour me recevoir, dans son hôtel de l’avenue du Bois de Boulogne.

De chaque côté de la cheminée de marbre