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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/118

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LE JOURNAL

blanc, s’épanouissaient, sous forme de fleurs, des lampes électriques. Une autre était dissimulée dans la mousseline du ciel de lit ; sa lumière, agréablement tamisée, descendait, se glissait tout le long des plis de la gaze des rideaux, roses comme les tentures. Sur une table, dans un vase de cristal, quelques orchidées, elles aussi roses, d’un rose très pâle. En somme, simple et luxueux à la fois, c’était assez bien meublé, quoique dominât le goût anglais qui n’est pas le mien. Je me rappelai alors qu’on m’avait consultée, qu’on m’avait demandé la couleur que je préférais pour les tentures, quels meubles je voulais, quel était mon style de prédilection. À toutes ces questions, j’avais invariablement répondu : « Ça m’est égal ». Et de fait que m’importaient la couleur des rideaux et le style du mobilier ! Si l’oiseau prend soin de son nid, c’est qu’il y doit abriter son bonheur.

Mes regards se portaient sur une tête de femme, finement travaillée dans un gros bloc de marbre blanc, quand la porte s’ouvrit discrètement.

M. Grandidier parut. Je l’avais oublié. Involontairement je tressaillis.

Il était en habit.