Aller au contenu

Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
LE JOURNAL

bleu, je devais m’en douter, ton mari ne te donne pas assez d’argent, je parie ! Tous les mêmes : des avares, des grippe-sous ! C’est peut-être aussi que tu ne sais pas bien le prendre. Alors, naturellement, la couturière, la modiste te talonnent !… Laisse-moi faire, j’ai l’habitude, j’arrangerai cela. Elles sont impossibles, ces femmes-là : il faudra bientôt, quand on ira chez elles, avoir l’argent en main. Mais aussi tu es ridicule, Raymonde, de te bouleverser pour si peu !… Bah ça passera : tout cela, vois-tu, c’est parce que tu n’as pas encore l’expérience de la vie !

Et elle parle, parle avec volubilité, m’embrasse, me trouve jolie, charmante, « la plus belle fille de France » et puis s’en va.

Chère maman !… Si vous saviez… mais vous ne saurez jamais.

Paris, 1er juin.

Mon Dieu, quand cette existence finira-t-elle !

La mort, il me semble, me serait douce : je l’accueillerais comme une amie. Hélas ! elle prend plaisir à trancher les jours des heureux