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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/133

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D'UNE FEMME DU MONDE.

qui la fuient ; elle est sans pitié pour ceux qui souffrent et qui l’appellent.

Ma vie sera longue et ma douleur sans répit.

Toujours, j’aurai devant les yeux ce visage que je ne puis voir sans qu’un frisson de dégoût coure par tout mon corps ! Toujours cet homme auquel j’appartiens, dont je suis la chose et qui, à tout instant, comme s’il avait peur que je ne l’oublie, se charge de me le rappeler.

Et il m’aime, m’affirme-t-il !

Ah ! maudit soit le jour où j’allumai, chez cette brute, la passion dont je suis aujourd’hui la victime !

Paris, 10 juin.

Depuis une semaine, mon mari étant souffrant — la maladie des viveurs, la néphrite — nous ne sortons plus le soir. Le tête-à-tête qui chaque jour en résulte m’est un nouveau genre de supplice.

Toute la journée, je suis dehors. Bien que cela ne m’amuse guère, pour tuer le temps, je fais des visites. Je ne rentre que pour me mettre à table.