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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/134

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LE JOURNAL

Il m’est arrivé de me faire déposer par ma voiture au Louvre, et de revenir chez moi à pied, tout cela pour ne rentrer qu’à huit heures.

M. Grandidier, lui, arrive serein et souriant. Il est tous les soirs en habit, même lorsque nous dînons seuls : on lui a rapporté que le duc de Crey fait ainsi, et comme mon mari ne jure que par lui, il s’est empressé de J’imiter. Il est dit que cet homme ne prendra jamais aux autres que leurs défauts et leurs ridicules.

Il m’embrasse, on se met à table. Il appelle le maître d’hôtel qui lui récite cérémonieusement le menu et lui explique la façon dont chacun des mets est préparé. Cela fait, M. Grandidier raconte ce qu’il a appris, beaucoup de potins, et s’attarde longuement sur les méchants, de préférence sur ceux où il est question de ruine. Il dit alors : « Encore une liquidation !… Peuh ! Ces pauvres gens ont voulu mener grand train et manquaient d’estomac. » Et sur sa physionomie satisfaite et railleuse, on lit ce qu’il n’ose ajouter : « Ils ont essayé de me suivre et se sont cassé les reins ! »

Il s’établit alors généralement un silence