Aller au contenu

Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
LE JOURNAL

expressions trop exactes de désirs terre à terre, ce rire, tout cela, comme un défi jeté à la souffrance que j’endure, moi qui n’ai rien de l’idéal auquel je rêve, m’irrite.

Le diner s’achève.

— Allons, dit-il, je ne suis pas encore très solide ce soir. Cependant cela va mieux, beaucoup mieux et j’en suis fort aise. Je ne sens presque plus mes reins. D’ici trois jours je serai complètement rétabli. En attendant, ton petit mari va faire un poker avec sa petite femme, et puis il ira se coucher, et si elle est bien gentille, elle viendra bien vite le retrouver.

Toujours, toujours ces invitations triviales et communes, où perce l’unique préoccupation de satisfaire la brute.

Quel supplice, mon Dieu !

Paris, 15 juin.

Je ne sais pourquoi, depuis quelques jours, il m’arrive fréquemment de me laisser emporter par des rêves insensés, des rêves comme en font les jeunes filles, les jeunes filles romanesques, les petites sottes ! Je suis mariée. Oh ! mais, avec quelqu’un