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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/137

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D'UNE FEMME DU MONDE.

que j’aime, que j’aime beaucoup, follement, si cela peut signifier quelque chose.

Nous faisons notre voyage de noce dans le Midi, ce pays que je ne connais pas et que mon imagination, sans doute parce que je ne le connais pas, me représente plus beau qu’un royaume de fées.

Le long de la mer, nous marchons tous les deux, sans rien dire : nous nous aimons, nous le savons et cela suffit. À quoi bon se dire ce qu’on lit dans les yeux !

Nous admirons seulement tout ce qui nous entoure, parce que nous sommes heureux et que rien ne dispose mieux à l’admiration que le bonheur.

Tout le long du rivage, qui s’étend devant nous en demi-cercle et va se perdre très loin dans une brume bleuâtre, fleurissent des hortensias : leurs têtes trop lourdes se courbent paresseusement et trempent dans la vague indolente, à peine frangée d’une légère écume blanche.

Le ciel n’est qu’un grand lac d’azur sans un ilôt de nuage. Et nous marchons.

Puis, nous quittons la grève de sable fin. Nous prenons un sentier qui grimpe à flanc de colline, s’insinue sous la verdure, comme