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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/140

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LE JOURNAL

refuge dans la tempête. Je lui dis que je souffre, je lui confie mes chagrins, il me console.

Comment expliquer ce rapprochement inconscient entre un rêve et cet homme que je connais à peine, et dont conduite, vis-à-vis de moi, ne m’a jamais permis de supposer la moindre affection.

Cela tient sans doute à ce que, parmi les personnes qui m’entourent, M. de Clarance est la seule qui se rapproche de l’idéal de mari que conçoit mon cerveau.

Faut-il tout de même que je sois folle et enfant !… L’imagination, toujours cette fâcheuse imagination !… Les bonnes sœurs me disaient bien qu’il fallait lui couper les ailes.

Et pourquoi, après tout ? Ne dois-je pas au contraire la nourrir, la soigner, l’aimer, puisque c’est à elle que je suis redevable de mes seuls moments d’oubli et de félicité.

Paris, 1er juillet.

Je commence à m’apercevoir — triste constatation — que je ne suis pas la seule