Aller au contenu

Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
144
LE JOURNAL

Je souris :

— Vous reviendrez ?

— Mais… de temps en temps !

— Souvent, n’est-ce pas !

Ses yeux s’illuminèrent d’un rayon de joie. Il me prit la main et me répondit :

— Merci !

Et, dans le regard que nous avons alors échangé, nos infortunes ont communié.

Paris, 11 juillet.

J’ai trouvé à mon malheur une consolation que je n’aurais jamais osé espérer. J’avais besoin d’affection sur ma route un homme s’est rencontré qui m’a offert la sienne, grande et généreuse.

J’avais besoin de répandre la mienne sur un être choisi et je l’ai trouvé, et je la lui ai donnée, tout entière, sans restriction. Mon cœur peut enfin s’épancher ! Je vis !

Le bonheur que je n’espérais plus, parce que je ne le croyais plus possible dans les limites du devoir, m’est apparu. Je lui ai tendu les bras de toute la force du naufragé qui s’accroche à l’épave.

Dieu soit loué !