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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/147

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D’UNE FEMME DU MONDE.

Paris, 25 juillet.

J’ignore ce qu’est l’amour. Il m’a été refusé de le connaître honnêtement, et Dieu m’est témoin que je ne l’ai point cherché hors du foyer. Ce ne sera jamais pour moi qu’un grand mot vide de sens, un mot que les hommes ont continuellement à la bouche, que beaucoup profanent, que bien peu me paraissent comprendre.

Je veux croire toutefois que c’est mieux qu’un grand mot, et qu’il est d’autres amours que celles qu’il m’a été donne de contempler autour de moi et qui sont peu édifiantes. Je veux même croire que ce n’est pas là l’amour.

Quelqu’il soit d’ailleurs, qu’il procure des sensations agréables, enivrantes même, c’est possible : je leur préfère cependant les sentiments calmes, doux et profonds que procure l’amitié.

N’est-ce pas un grand philosophe de l’antiquité romaine qui a défini l’amitié « un accord parfait sur toutes choses divines et humaines, joint à un sentiment mutuel de bienveillance et d’affection. »

À mon sens, c’est la plus belle des passions