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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/152

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LE JOURNAL

tous les jours, me prescrit des calmants qui me soulagent quelques heures seulement.

Je voudrais ne pas rester en place, voyager, exercer l’activité fiévreuse qui me dévore. L’inaction m’énerve et me tue.

Deauville, 13 août.

Ce matin, comme je me sentais mieux portante, je suis sortie en tonneau. Je suis allée à Trouville. Dans la rue de Paris, devant le pâtissier, les de Gombourg, les Thuringe et toute cette bande de désœuvrés tenaient conseil, sans doute pour imaginer quelque réjouissance et trouver un emploi de leur journée. Ils ne savent jamais que faire : ils me font pitié.


J’ai pris soin de les éviter. Ils m’eussent retenue une heure entière, trop heureux de trouver en moi une distraction.

Sur les planches, il y avait foule. La mer était très belle — aussi belle du moins qu’elle peut l’être à Trouville — et le soleil radieux. J’ai aperçu de loin M. Grandidier : il marchait, imposant, décoratif, ridicule, entre le duc et la duchesse de Crey, qu’il ne quitte plus d’un pas. Ce que je les plains !