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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/154

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LE JOURNAL

Toby avait le diable au corps ; il tirait comme un enragé.

Roger m’a dit :

— Vous allez vous fatiguer, Raymonde.

Je n’ai pas eu l’amour-propre de lui résister. Je lui ai très vite passé les guides.

Quand nous fûmes hors de la ville, dans un chemin qui grimpe sous les ombrages, il mit au pas.

Nous n’avions encore rien dit.

Roger me regarda alors et sourit :

— Vous êtes ravissante ainsi, Raymonde ; ce petit tailleur beige, ce canotier si effrontément posé sur vos cheveux, tout cela vous va à merveille.

Je répondis bêtement :

— Vous trouvez ?

Il continua :

— Il me semble que je vous aime de plus en plus !

Ce n’était pourtant pas la première fois qu’il me disait cela. Eh bien ! j’ai eu peur !

— Roger !… Taisez-vous !

— Taire une vérité qu’il m’est si doux de vous dire… et qu’il ne peut vous être désagréable d’entendre !

J’étais horriblement gênée.