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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/163

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D'UNE FEMME DU MONDE.

Et se retournant vers Roger :

— Enchanté de vous rencontrer, mon cher ami. Dites-moi donc, je viens d’acheter pour douze mille francs une paire de carrossiers superbes. Allons faire un tour jusqu’aux écuries : je serais heureux d’avoir votre opinion.

Deauville, 16 août.

Il est écrit que je souffrirai, que toute félicité me sera refusée.

J’avais entrevu une consolation à mes peines, un dérivatif à mes souffrances, le bonheur enfin. Je viens de le briser de mes propres mains. Deux mots désormais résumeront toute ma vie : tristesse, isolement.

Tristesse ! Hélas, je n’ai même plus mainnant, comme aux premiers jours, la force de me révolter : je subis et je me résigne.

Isolement ! Isolement volontaire. J’aurais pu être consolée, soutenue : une âme élevée et généreuse m’avait offert d’associer sa douleur à la mienne. J’avais accepté et, durant quelques jours, les plus beaux de ma vie, j’ai connu l’amitié dans ce qu’elle a de plus pro-