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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/188

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LE JOURNAL

— C’est mon avis.

— Vous avez l’air inquiet ?

Il tira sa montre.

— Dame, c’est notre jour d’Opéra !

— Je comprends.

— Et le train de six heures raté, nous en avons jusqu’à neuf heures. C’est gai ! Si ce maudit animal nous fait encore galoper longtemps !… À propos, qu’est-ce que vous faites ce soir ?

Je réfléchis un instant, méfiante.

— Rien.

Il me regarda, cherchant dans mes yeux un encouragement. Je hasardai :

— Pourquoi me demandez-vous cela ?

Il répondit, un peu ému :

— Voulez-vous venir ? Loge no 4.

J’allais refuser : la tentation fut trop forte. Je répondis, profondément troublée :

— Vous êtes bien aimable !

— Je vais aller inviter votre mari : c’est plus correct.

Il sourit.

Je pensais en moi-même : « Ai-je eu tort ? Peut-être. Bah ! nous verrons bien ! »

Tout à coup le son des cors nous arrive, rapproché.