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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/202

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LE JOURNAL

les passions des hommes. J’en suis sûre et c’est pour cela que je n’ai ni honte ni peur de vous dire, abattue après avoir lutté :

— Roger, me voici, je vous appartiens !

Cependant que je parlais, ses yeux ne quittaient pas les miens, et ses regards, tout pleins de joie et de reconnaissance, m’enveloppaient comme des rêts invisibles et me faisaient sa chose. Je l’aurais voulu, qu’il ne m’eût pas été possible de lui échapper maintenant.

Il dit :

— Votre confiance sans bornes m’honore, Raymonde. Je serais le dernier des hommes si je m’en montrais indigne !

— Permettez-moi cependant de vous poser une question. Avez-vous bien réfléchi à la terrible responsabilité que vous assumez en ce jour ?

— J’ai réfléchi que je vous aime, que je vous aime au delà de toute expression et que, vous aimant par dessus tout, pour vos vertus et votre honnêteté, je serais, si je les salissais, le propre assassin de mon amour !

— La chaleur avec laquelle vous vous exprimez me remplit de crainte. Vous manquez de sang-froid, et alors…