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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/207

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D'UNE FEMME DU MONDE.

Venise, 13 mars.

Ce matin, je me suis réveillée de très bonne heure. Les fenêtres de l’appartement que nous occupons au grand hôtel Royal, quai des Esclavons, donnent sur la mer : la vue est très étendue, très belle et très gaie. Il faisait un soleil radieux. J’avais le cœur en fête.

Je suis allée, vers les dix heures, retrouver Roger de Clarance qui m’attendait sur la place Saint-Marc.

Nous avons d’abord visité l’église Saint-Marc. Le style romano-byzantin de cet édifice surprend quelque peu par son originalité : j’avoue qu’il m’a déconcertée. L’ornementation tapageuse des dômes et des autels, où s’est donné libre cours l’imagination trop féconde de tout un peuple m’a déplu. Il y a vraiment trop de dorures : ne dirait-on pas que le soleil, le soleil éblouissant de ce pays de lumière, voulant contribuer à l’œuvre de ses fils, a jeté, en un jour de gaité folle, sur tous ces dômes et sur tous ces autels, son manteau d’or éclatant.