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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/215

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D'UNE FEMME DU MONDE.

n’entendait, dans la nuit claire, que le « già è » des gondoliers s’avertissant au croisement des rii et le clapotis de l’eau contre la barque. Ces vers alors chantèrent dans ma mémoire :

…les palais antiques
Et les graves portiques
Et les blancs escaliers
Des chevaliers,

Et les ponts et les rues
Et les mornes statues
Et le golfe mouvant
Qui tremble au vent,

Tout se tait, fors les gardes,
Aux longues hallebardes,
Qui veillent aux créneaux
Des arsenaux.

— Ah ! maintenant plus d’une
Attend, au clair de lune,
Quelque jeune muguet,
L’oreille au guet.

Pour le bal qu’on prépare
Plus d’une qui se pare
Met devant un miroir
Un masque noir.

Lui aussi, il était amoureux, celui qui écrivit ces vers. Mais il souffrit encore plus qu’il n’aima, parce que tous ses amours