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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/218

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LE JOURNAL.

— Notre bonheur est-il vraiment aussi parfait que vous le dites ?

— Que lui manque-t-il donc ?

J’approchai ma tête tout contre la sienne et je balbutiai :

— Quelque chose !

— Quoi donc ?

— Non !… Rien. Cela vous ferait de la peine : vous n’y pensez pas, vous y penseriez alors et… comme c’est impossible !

— Parlez, ma chère âme, parlez !

— Non… non !

— Je le veux !

Je sentais que ce serait pour moi un soulagement de lui dire ma pensée :

— Je voudrais… pour être tout à fait heureuse…

Mais je m’arrêtai, craignant d’éveiller en lui le regret qui me tourmentait maintenant.

Il insistait :

— Vous êtes cruelle, Raymonde !

— Je voudrais…

— Parlez donc !

— Que tu fusses…

Il y eut un silence : mon regard dut lui dire ce que mes lèvres n’avaient osé achever, car il répondit simplement :