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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/224

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LE JOURNAL.

Les vastes galeries étaient encombrées de petites tables, autour desquelles se tenaient des masques. Rien de plus étrange que la clarté crue du jour tombant parmi celle rougeâtre des lustres, sur ces habits multicolores, froissés et fripés, sur ces chairs fatiguées de la nuit.

J’aperçus mon mari.

Il était entre la comtesse et Jacqueline, costumées en Charlotte de Savoie et en Catherine de Médicis, et paraissait ne plus se souvenir que très vaguement, à en juger par ses gestes et ses éclats de rire, de la gravité imposante du personnage dont il portait le vêtement magnifique, Charlemagne.

Roger, après s’être donné beaucoup de peine, trouva enfin deux places libres à une table, dans un coin. Nous nous assîmes à côté d’un mousquetaire et d’une ravissante petite bergère que je ne connaissais point : ils parlaient italien.

Ainsi se termina ma première nuit d’amour.

Venise, 17 mars.

Un enfant, au lendemain d’un jour où on