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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/226

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LE JOURNAL.

Venise, 18 mars.

Nous quittons ce soir la ville des Doges. J’ai consacré ma journée à des visites d’adieux : je me suis pourtant réservé deux heures, que j’ai passées avec Roger de Clarance. Il a été entendu que notre séparation serait de courte durée et que nous nous retrouverions très prochainement à Paris. Il restera quelques jours encore ici, pour les convenances, et puis viendra me rejoindre.

D’ailleurs, Jacqueline, plus fantasque que jamais, est fatiguée de Venise : elle prétend que d’insalubres odeurs émanent des ruelles et des canaux et que, si elle doit prolonger son séjour ici, elle est sûre d’être atteinte par les fièvres paludéennes. Ou je me trompe fort, ou la comtesse ne va pas tarder à faire ses paquets.

Quant à moi, qui ne jouis pas d’un odorat aussi sensible que Jacqueline, j’emporte de ce pays le meilleur souvenir : je n’oublierai jamais les quelques heures d’ivresse que j’y ai connues.