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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/235

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D’UNE FEMME DU MONDE.

sur nos agissements. Peut-être alors, allait-il me menacer d’un scandale. Je le souhaitais presque, car c’eût été avec joie que je lui au-rais répondu :

— Oui, oui, oui, je suis la maîtresse du comte Roger de Clarance. Je suis sa maîtresse et je l’aime avec passion, vous m’entendez bien, et mon seul bonheur en ce monde, ce serait d’être sa femme !

Oh ! oui, quelle jouissance ça aurait été pour moi, bravant la menace, d’affirmer mon amour en cette minute ! Roger, j’en suis bien sûr, ne m’en eût point voulu, Il me semblait que si j’avouais appartenir à un autre, cet homme, que j’avais devant les yeux, perdait tous ses droits sur moi et que je me vengeais d’un coup de tout ce qu’il m’avait fait souffrir !

Lui cependant, les sourcils froncés, se mordait les lèvres, hésitant :

— Prenez garde, Raymonde ! dit-il enfin.

— Parlez !… Parlez !…

— Je le ferai si vous refusez…

— Je refuse.

— Serait-ce un défi ?

— Soit.

— Bien.

Ses regards, craignant sans doute de ren-