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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/236

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LE JOURNAL.

contrer les miens, se portèrent sur l’angle d’une fenêtre.

— Je serai bref, dit-il après une minute de silence. Savez-vous pourquoi et comment vous êtes ma femme ?

Mon cœur s’arrêta de battre : je suffoquai.

Ah ! non. Cela, je ne l’aurais jamais cru ! Je le savais capable de tout, cet homme, immonde, mais pas à ce point-là.

— Misérable, m’écriai-je, ivre de fureur, aussitôt que j’eus repris haleine. Voilà donc à quels arguments vous en êtes réduit !… Ah ! Ne restez pas plus longtemps en ma présence, retirez-vous, vous me faites horreur !

Il était stupéfait, décontenancé :

— Vous savez donc ?… balbutia-t-il.

— Alors, vous croyiez, puisque vous étiez fixé sur la question de sentiments, qu’à défaut de votre personne, votre or m’avait séduite ? Merci pour l’opinion que vous avez de moi ! Apprenez donc que si j’ai fait un mariage déplorable, c’est du moins en connaissance de cause.

Il pâlit de rage.

— Qu’importe ! s’écria-t-il. Je vous ai payée assez cher, Madame, pour avoir le droit d’user de vous selon mon bon plaisir.