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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/246

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LE JOURNAL.

peine griffonner ces lignes. Maman passe près de moi la plus grande partie de la journée et se montre d’une incomparable bonté. Papa, qui ne fait que de courtes mais fréquentes apparitions chez moi, est, lui aussi, plein de prévenances pour sa fille. Il paraît agité ; je devine à sa physionomie qu’une colère sourde gronde en lui et mon plus cruel tourment est la crainte qu’il ne puisse pas toujours en empêcher l’explosion. S’il se rencontrait avec M. Grandidier, qu’adviendrait-il ? Tout est à redouter. Un éclat d’ailleurs n’est pas de circonstance : il serait déplorable d’ébruiter notre malheur et de faire connaître à tous les tristes dissentiments de notre vie domestique, d’autant que cela ne servirait à rien.

Paris, 22 avril.

Roger de Clarance vient me voir tous les deux jours. Il ignore ce qui s’est passé et ne se tourmente pas d’une indisposition qu’il qualifie en riant de « bénigne ».

Paris, 3 mai.

Je n’ai pas revu M. Grandidier depuis que