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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/253

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D'UNE FEMME DU MONDE.

Quand il fut partit, je regrettai ma faiblesse et j’éclatai en larmes.

Paris, 1er juillet.

Il faudra pourtant, tôt ou tard, que je lui dise ce qui est. Jamais je n’en aurai le courage.

Et cependant il me semble que cela se voit déjà. Je me suis regardée dans une glace et j’ai frémi.

Si je partais quelque part, n’importe où ! Je lui laisserais un mot. J’agirais selon sa réponse. Dans tous les cas, j’éviterais l’aveu de vive voix, la honte de lui tout dire, la honte de l’entendre peut-être me répondre :

— Ainsi, toutes les belles paroles, dont vous avez bercé ma crédulité, étaient mensongères et trompeuses. Vous disiez tout cela du bout des lèvres, vous ne le pensiez pas. Non, non, vous n’êtes pas ce que j’avais cru. Vous vous étiez posée en femme forte, capable d’avoir un amour au-dessus des amours vulgaires, digne d’être l’objet d’un semblable amour ! Et je vois aujourd’hui que vous avez menti ! Non, non, vous êtes comme les autres, pire que les autres, puisque vous savez mentir au point