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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/255

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D'UNE FEMME DU MONDE.

haine pour cet enfant qui est le mien : je crains qu’il ne trouble mon bonheur. Egoïste que je suis ! Sont-ce là les sentiments d’une mère ? Serais-je indigne d’être mère ?

Je le hais encore parce qu’il me rappelle un homme qui me fait horreur. Allons donc ! des mots tout cela ! N’est-ce pas avant tout mon enfant, mon enfant à moi !

Je le sens qui tressaille dans mon sein, chair de ma chair, sang de mon sang, vie de ma vie.

Non, ce n’est pas lui qui me fait honte, mais seulement les circonstances auxquelles, pauvre innocent, il doit le jour. Ce n’est pas vrai qu’il me fait horreur, que j’ai peur de lui !… J’ai seulement peur des changements qu’il est susceptible d’apporter dans ma vie ! Et c’est pour toutes ces raisons que je lavais maudit !

Insensée !

Pauvre cher petit !

Et dire que j’aurais éprouvé tant de bonheur à être sa mère, s’il avait été… de autre.

Je ne sais plus ce que je dis ! Je deviens folle !… Je déraisonne !

… Et pourtant !