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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/270

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LE JOURNAL.

J’avais si peur qu’il ne l’aimât, qu’il ne le souillât de son affection et que le pauvre petit être, ignorant tout, ne la lui rendit.

Oh ! je n’aurais jamais pu voir cela. Je crois que je serais partie, loin, très loin, emportant mon trésor. J’y avais d’ailleurs songé.

Mais il avait pour lui les droits iniques que donne la loi : il en aurait usé, il me l’avait déjà fait assez durement sentir. Comme cela, je n’ai plus rien à craindre.

Et puis, Roger oubliera plus facilement que c’est l’enfant d’un autre. Il n’a plus de raisons de le haïr maintenant.

Ce sera bien réellement « notre » enfant, à tous les deux. Ce sera le lien même de notre amour, si ce n’en est le fruit.

Paris, 20 juillet.

Vraiment, je ne comprends plus rien à la conduite de Roger.

Quand je lui ai dit, souriante, transportée de joie :

— Maintenant, vous allez pouvoir l’aimer ! Son visage s’est assombri. Tristement il m’a répondu :