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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/29

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D’UNE FEMME DU MONDE.

j’étais tout à fait rassurée sur le sort de mon frère et de la République : l’un et l’autre se portent à merveille. M. de Clarance me demandait en mariage. Je n’ai pas dit oui, je l’ai crié ! J’étais enchantée. Il me plaît beaucoup, ce garçon. Il est blond comme les blés quand ils sont mûrs, il a une moustache en feu d’artifice et joue délicieusement au tennis. Et d’une élégance ! Figure-toi, ma chère, qu’il a quarante-sept pantalons et vingt-huit paires de chaussures !…

— Tu m’amuses !

— C’est la vérité.

— Et son caractère ?

— Ah ! tu m’en demandes trop long ! Dame ! tu sais, je ne l’ai pas étudié au microscope, mon fiancé. J’en sais le principal et voilà tout.

Je n’ai pas pu m’empêcher de rire :

— Les quarante-sept pantalons et les vingt-huit paires de chaussures !

— Tu te moques ? je te le jure. Oh ! Je suis rudement contente de me marier. Sais-tu pourquoi ?

— Dame, non. Pour avoir des enfants, peut-être ?

— Je t’attendais là. Décidément, ma pauvre