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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/290

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LE JOURNAL.

elle nécessairement poursuivre cette malheureuse enfant, et, non contente d’avoir perdu la vie d’une mère, s’acharner encore sur celle de sa fille ? Non. Mes larmes, j’estime, ont largement payé par anticipation le bonheur de celle que j’aime, et cette seule pensée me les rend chères. J’ai arraché toutes les ronces du sentier et ne lui ai laissé que les roses à cueillir. Le soir de ma vie sera beau, si l’aurore en fut triste. Et ma plus belle récompense, celle que je souhaite le plus ardemment et sur laquelle je compte, sera de voir ma fille heureusement mariée, effeuillant sous mes yeux ravis, une à une, les joies du foyer que je n’ai jamais connues.

Paris, 23 janvier.

Je sommeillais depuis un certain temps déjà, quand une femme de chambre me réveilla et me remit sur un petit plateau la carte de Roger de Clarance.

Je l’attendais.

— Faites entrer.

Une petite pendule en porcelaine, placée sur un guéridon, marquait trois heures et