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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/293

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D'UNE FEMME DU MONDE

fût-ce une seconde, d’être jaloux, de souffrir… de le maudire, ce petit être.

— Assez ! Assez ! Vous me faites trop de mal en parlant ainsi !

— La peine que je vous fais n’égalera jamais celle dont je souffre en ce moment. Vous vouliez savoir, Raymonde, pourquoi je n’étais pas venu ces jours-ci ? Eh bien ! vous la connaissez maintenant, la raison. Je ne suis pas venu, parce que je souffre trop et que je trouve inutile de vous donner ma douleur en spectacle !

— Roger ! Roger ! Vous ne m’aimez plus comme autrefois !

— Je ne vous aime plus ? Mais je suis fou de vous, fou, entendez-vous bien ! À quoi bon vous le répéter : vous ne comprendrez jamais ce que j’éprouve, Raymonde, parce que votre amour est aussi calme, aussi paisible que le mien est violent, agité, tourmenté !… Et c’est juste d’ailleurs ! De qui seriez-vous jalouse, vous !

— Roger !

— Non, je n’abuserai pas davantage de la patience que vous apportez à m’entendre. Je ne troublerai pas plus longtemps votre félicité. Mes plaintes détonnent ici, où tout rit, où tout