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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/294

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LE JOURNAL.

chante, où tout parle de joie et de bonheur !… Pardonnez-moi de m’être ainsi épanché. Ce n’est pas ma faute : j’aurais voulu me contenir, ne jamais vous rien laisser voir de la triste agitation de mon âme : je n’ai pas pu ! Mais soyez tranquille : à l’avenir, je saurai garder pour moi mes larmes. Mon chagrin, je le dissimulerai de mon mieux. Désormais, vous ne le devinerez même plus.

— Mais non, mais non, malheureux ! Je ne veux pas que vous me cachiez votre peine ! Je veux au contraire que vous me la confiiez tout entière, afin que je puisse vous consoler, Je vous prouverai que vos idées sont folles ! Être jaloux d’un enfant ! Cela se peut-il ? Ce petit être, que j’aime de tout mon cœur, me prend-il une parcelle de l’amour que je vous ai voué ? Le sentiment qui m’attache à lui est-il celui que j’ai pour vous ? Voyons, réfléchissez. Mais non, assurément ! Comment deux amours, de nature différente, pourraient-elles se nuire ?

— Vous ne comprenez pas.

— Mais si. Car enfin, c’est cela, vous êtes jaloux de Raymonde ?

— Non.

— Comment ? N’est-ce pas cette enfant