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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/296

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LE JOURNAL.

rien dire… qui pût vous attrister, vous alarmer… compromettre votre rétablissement. J’étais venu seulement pour vous voir et pour vous aimer |

— Oui, aimons-nous, mon cher amant !

— Parlez, parlez encore ! J’aime tant quand vous me dites cela !… Vous le dites si bien.

Il avait appuyé sa tête sur ma poitrine, comme un enfant. Il murmura :

— Dire que nous aurions pu être si heureux !

— Nous le serons, Roger. Nous le serons. Chassez seulement toutes ces vilaines pensées.

— Oui, je veux tout oublier. Je veux mieux que cela… Je veux…

— Oh ! dites ! dites !

— Je veux l’aimer aussi !

— Ah ! que c’est bon, que c’est bon, ce que vous venez de dire là ! Répétez !… Répétez-le, que je l’entende encore !.… Oh ! la belle joie que vous m’avez donnée ! Je ne vous en veux plus, plus du tout !

Ce fut à mon tour de pleurer. Mais elles furent bien douces les larmes que je répandis, parce que c’étaient des larmes de joie, d’amour et de reconnaissance.