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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/301

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D'UNE FEMME DU MONDE

dire mes projets, qu’il partage mon bonheur sans plus tarder.

Mais d’ailleurs, il y a déjà pensé, c’est certain. Si dans sa lettre il ne me dit rien de tout cela, c’est par pure convenance.

Aussi est-il préférable, et pour la même raison, que je ne lui écrive pas sur-le-champs, que j’attende quelques jours. Ce serait mal, très mal. Il ne faut pas dans cet horrible malheur, dans ce deuil, devant le cadavre de cette infortunée, il ne faut pas qu’un seul cri de joie soit poussé, qu’il soit formulé une seule espérance.

Hélas ! Je dois bien me l’avouer : ce jour qui s’achève, au lieu d’être un jour de tristesse, aura été pour moi un jour de bonheur. Du moins que je ne le laisse pas voir. Ne serait-il pas, en effet, répugnant de paraître édifier sa félicité sur un cercueil.

J’attendrai donc. J’attendrai pour lui en parler qu’il me vienne voir. Peut-être lui, le premier, m’en touchera-t-il un mot. C’est probable et mon impatience ne doit pas devancer la sienne.

Oh ! le bel avenir qui s’ouvre devant moi. Le nuage qui assombrissait l’horizon se déchire tout d’un coup. Une aube nouvelle,