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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/302

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LE JOURNAL.

toute rayonnante, se lève sur les ténèbres du passé. La route désormais peut être longue : j’ai, pour la parcourir, deux compagnons, deux êtres adorés, à qui j’ai voué ma vie, ma fille et mon époux.

Paris, 1er février.

Roger de Clarance m’avait envoyé un mot me prévenant de sa visite cet après-midi.

Je l’attendais avec impatience.

Trois heures sonnaient quand il arriva chez moi.

Je lui exprimai le chagrin que m’avait causé la mort épouvantable de Jacqueline.

— Vous l’aimiez malgré tout, lui dis-je. Vous devez être très malheureux.

— Très malheureux.

J’avais hâte, tout embarrassée que je fusse, d’entamer un sujet de conversation si impatiemment désiré. J’attendais qu’il parlât. Mais il était triste, abattu, et ne me paraissait nullement disposé à secouer la douleur qui semblait l’accabler.

Et tout à coup, j’éprouvai comme une morsure au cœur : j’étais jalouse de le voir ainsi