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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/317

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D’UNE FEMME DU MONDE

dans le monde, Jacqueline de Rieux, le vieux curé, les promenades à cheval dans la forêt… Et tout à coup, son front se plisse : deux figures viennent d’apparaître simultanément, celle de Roger de Clarance, et celle de l’autre… Raoul Grandidier. Elle se rappelle le soir du feu d’artifice au château de Gombourg, la scène avec sa famille, le mariage… tout, elle se rappelle tout.

— Maman ! crie la fillette en la tirant par le bras, et en lui montrant un petit rouge-gorge, qui se démène sur une branche d’arbuste.

La vision est brisée. Raymonde sourit :

— Ne lui fais pas peur, surtout, ma mignonne, parce que le rouge-gorge, c’est l’oiseau du bon Dieu.

Et elle lui raconte la jolie légende ; le petit oiseau, alors tout gris, venant se poser au pied de la Croix, sur laquelle le Sauveur expire. Il chante, et sa voix mélodieuse monte aux oreilles du Christ, charme ses derniers moments. L’auguste Victime baisse alors les yeux, cherche quel est ce petit être qui, le dernier, l’assiste et le vient consoler. Il l’aperçoit, perché sur une roche, et lui sourit. Or, de son front meurtri tomba une goutte de