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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/318

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LE JOURNAL.

sang sur la gorge frémissante de l’oiseau mignon. La goutte de sang fit une tache, une tache qui ne s’effaça jamais, que garda toujours le divin petit chanteur : on le nomma le rouge-gorge.

L’enfant écoute attentivement sa mère, sans la quitter des yeux, et Raymonde conclut :

— Alors, tu comprends, chérie, inquiéter cette petite bête, ce serait faire de la peine au bon Dieu !

L’oiseau battit des ailes et partit.

La fillette poussa un : oh !… plein de regret, car elle l’aimait déjà, elle l’aimait de tout son cœur.

Cependant Raymonde a tiré de son corsage une lettre bordée de noir, une lettre qu’elle vient de recevoir et, pour la vingtième fois, elle la relit :

Venise.

 « Ma chère Raymonde,

« Depuis notre brusque séparation, j’ai voyagé, comme vous le savez. J’ai parcouru tous les pays du monde, sans jamais parvenir