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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/37

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D’UNE FEMME DU MONDE.

bouche, il a l’air très étonné de ne pas voir à ce mot l’univers s’écrouler.

Il va se porter à la députation. À ce propos, il disait l’autre soir :

— Je suis sûr du succès, d’abord parce que mon adversaire est un homme de peu — il adore cette expression — et ensuite parce que les paysans — il faut entendre comme il prononce ce mot — sont des brutes que l’on mène à la baguette : le tout est d’avoir la baguette et de savoir s’en servir.

M. Grandidier oublie, ou du moins voudrait faire oublier qu’il est le fils d’une de ces brutes dont il fait si bon marché, qu’il couvre de tout son mépris et qu’il se propose de mener à la baguette.

C’est triste.

On s’accorde assez généralement à le trouver insupportable et cependant on le supporte ; mieux que cela, tout le monde lui fait fête, les hommes parce qu’ils le savent riche et puissant, et les mères de famille parce qu’elles pensent à leurs filles en le regardant. Lui, s’imagine qu’on l’admire, qu’il étonne et il est heureux.

Toutefois, M. Grandidier n’est pas entré dans notre société, qui cependant de nos