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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/38

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LE JOURNAL

jours, hélas ! est bien ouverte, sans avoir reçu quelques camouflets. Et bien ! il les a, paraîtil, empochés sans mot dire, car ce monsieur qui est très orgueilleux, chose curieuse, n’est pas du tout susceptible. Il sait se taire, s’il y va de son intérêt : d’aucuns diront que c’est de la diplomatie, moi j’appelle ça de la platitude.

Voici une petite anecdote que l’on m’a rapportée et qui permet de juger ce personnage. Un jour, on parlait politique dans un salon. Il y avait là M. Grandidier. Estimant sans doute l’occasion propice d’étaler au soleil des opinions susceptibles de lui gagner les bonnes grâces des personnes présentes, il s’emballa dans un éloge immodéré de la monarchie.

— Tout homme de bon sens, déclamait-il, doit pleurer le régime disparu et souhaiter de tout son cœur le voir renaître de ses cendres. Ah !… si la royauté existait encore !…

— Mais, lui fit observer un de ses auditeurs, si la royauté existait encore, êtes-vous bien sûr, Monsieur Grandidier, que vous existeriez.

La leçon était dure : elle ne profita pas.

L’acharnement que je mets à relever les travers de ce personnage pourrait faire supposer que j’ai contre lui de gros griefs personnels.