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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/39

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D'UNE FEMME DU MONDE.

Ma foi, non, je n’en ai pas. Et pourtant, j’estime qu’il s’occupe un peu trop de ma personne. Il rôde sans cesse autour de moi. J’ai bien essayé de lui faire entendre très discrètement que ses assiduités étaient déplacées, incorrectes. Mais à ces gens-là, les nuances de langage échappent : il faut, pour en être compris, descendre à une franchise brutale, mettre les points sur les i. Il a donc continué d’être entreprenant.

Je m’en suis alors ouverte à maman qui m’a répondu en riant :

— Rassure-toi, ma fillette. M. Grandidier est un garçon très bien élevé et très estimable : il exagère la politesse comme il exagère tout, mais tu serais ridicule de lui prêter de vilaines intentions qu’il n’a certainement pas.

De la part de maman, dont je connais la finesse de perception et l’esprit pénétrant, cette indulgence d’appréciation m’a rendue rêveuse.

Sa bonté et son indulgence l’auront, cette fois, empêchée de voir clair.

Clovers, 20 août.

On parle beaucoup maintenant du mariage