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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/40

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LE JOURNAL

de Jacqueline de Rieux avec le comte Roger de Clarance. « Ça a fini de mijoter. »

Jacqueline est toujours dans son ravissement. Son fiancé est un homme accompli. Elle assure même qu’elle l’aime beaucoup. Hélas ! un cœur aussi frivole est-il capable d’aimer !

M. de Clarance est descendu chez les de Rieux pour une quinzaine de jours. Je l’ai déjà vu plusieurs fois. Je l’ai trouvé très joli garçon et très élégant, un peu trop élégant peut-être. Mais ce n’est là qu’un travers que font bien vite oublier le charme de sa conversation, sa délicatesse et son esprit.

Je n’ai pu m’empêcher de sourire quand on a présenté M. de Clarance à M. Grandidier : la vulgarité de celui-ci contraste si violemment avec la distinction de celui-là !

Le plus amusant, c’est que, selon sa coutume, M. Grandidier a voulu faire de l’esprit. Et coup sur coup, il a commis trois ou quatre jeux de mots stupides. M. de Clarance l’a bienveillamment écouté et comme l’autre lui disait : « N’est-ce pas que c’est drôle ? », il a répondu fort à propos :

— J’avoue, M. Grandidier, que vous êtes l’homme du monde qui m’a fait le plus rire !

M. Grandidier est parti enchanté, déclarant