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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/46

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LE JOURNAL

refour des Trois-Chênes. Ces messieurs étaient eu veston et chapeau de paille : lui, il avait arboré une redingote grise qu’ensoleillait un énorme dahlia.

Ma surprise fut extrême et mon désappointement ; dès qu’il parut, ceux-là mêmes qui, un instant auparavant, étaient si fort décidés à le mal recevoir, se précipitèrent à sa rencontre, avec mille démonstrations d’amitié.

— Comment allez-vous, mon cher Monsieur Grandidier !… Que c’est aimable à vous d’être venu et que d’honneur vous nous faites !…

Au milieu de ces hypocrites flagorneries, il se rengorgeait, posait, souriait.

Enfin, s’adressant aux dames, la bouche en cœur :

— Tout l’honneur, dit-il, est pour moi, soyez-en persuadées.

Il excelle dans ces formules toutes faites de galanterie que les sots ont continuellement à la bouche.

Ce facile triomphe et tant de platitude d’autre part m’ont écœurée. Une chose, cependant, m’a fait plaisir : j’ai remarqué que M. de Clarance, bien que n’ayant pas mis à exécution ses farouches projets, n’avait du moins pas pris part à ces démonstrations de violente sympa-