thie et qu’il s’était montré très réservé, assez froid même, avec M. Grandidier.
Cette attitude fait son éloge.
Pour la première fois, la promenade m’a paru ce jour-là interminable.
M. Grandidier, qui est un cavalier médiocre, n’a cessé de parler de ses chevaux. Durant une heure, il nous a entretenus des qualités incomparables de celui qu’il montait. C’était, disait-il, une bête parfaite que son marchand de chevaux, qui le savait grand amateur, lui avait spécialement réservée. Et puis tout à coup, se contredisant soi-même, il ajouta :
— Mais celui-ci n’est rien : je crois l’avoir payé cent cinquante ou deux cents louis. — Il ne parle jamais d’un objet sans préalablement l’estimer ou dire ce qu’il coûte. — Je viens d’en acheter un autre à la vente du duc de Choisy. Il m’a coûté huit mille francs.
Et comme on observait que c’était un beau prix pour un cheval de chasse, il a répondu :
— Oh ! le fils de mon père peut s’offrir cela !
Il a ri au milieu d’un silence glacial. Pour ma part, j’étais très gênée. Ce monsieur est décidement grotesque, mais il a vingt millions, c’est une excuse et un argument.