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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/55

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D’UNE FEMME DU MONDE.

tout simplement oublié de mentionner le parti auquel il appartient. Sa profession de foi déclarait en grosses lettres qu’il était « le défenseur de toutes les libertés ». Voilà de grands mots qui ne disent rien du tout et qui ne fâchent personne : les propriétaires y voient la protection de la propriété et les ouvriers la faculté de se mettre en grève quand ils le voudront.

Malheureusement, le concurrent, M. Baluchot, qui, lui, se présente comme farouche radical-socialiste et qui est appuyé par Raguet, a éventé la petite supercherie. Il a sommé, par voie d’affiches, le sieur Grandidier, « l’ami des prêtres, le valet des nobles et le futur affameur » de dire qui il était. M. Grandidier, désemparé par cette brusque et désagréable mise en demeure, a demandé conseil aux Rieux, à mon père, à tout le monde. On a décidé que républicain libéral était de circonstance. Mais c’est faible et cela augmente les chances de succès de Baluchot : il profitera des défections que ne saurait manquer de produire la déclaration un peu terne et surtout trop tardive de M. Grandidier.

Quoiqu’il en soit, « notre ami », comme on l’appelle maintenant, reste très tranquille sur