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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/64

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LE JOURNAL

multitude de spectateurs, ouvriers de la laminerie et paysans.

M. Grandidier s’était approché de moi ; il me glissa dans l’oreille :

— Vous amusez-vous, Mademoiselle Raymonde ?…

Je crus devoir profiter de l’occasion qu’il m’offrait pour le complimenter et le remercier.

Il continua :

— Mais nous sommes très mal ici pour voir « le bouquet » que j’ai imaginé : si vous le vouliez, Mademoiselle, je vous conduirais en un endroit, sorte de petit observatoire, d’où vous pourriez l’admirer tout à votre aise.

— Mais… vous ne pouvez pas vous éloigner : que diraient vos invités ?

— Ils ne s’apercevront même pas de mon absence. D’ailleurs, c’est l’affaire de quelques minutes.

Par politesse, par timidité, je n’osai refuser.

— Suivez-moi, dit-il.

Nous nous enfonçâmes dans une allée déserte.

Alors seulement, au milieu de l’obscurité et du silence, je regrettai vaguement d’avoir accepté l’offre de M. Grandidier.