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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/65

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D'UNE FEMME DU MONDE.

Nous marchions, côte à côte. Il ne parlait pas. De temps à autre, un sifflement déchirait l’air, une lueur vive se répandait, accompagnée d’un crépitement, des cris et des exclamations s’élevaient confusément de tous côtés, tandis que, distincts, nous parvenaient quelques lambeaux de phrases : « Oh ! que c’est biau que c’est donc biau !… L’as-tu ben vue, celle-là de fusée ; elle a monté tout dret comme un i !… Et qu’elle a ben éclaté, oui-dà »

Nous avançions toujours : bientôt les acclamations me parurent éloignées.

— Monsieur Grandidier, risquai-je alors, ne nous écartons-nous pas du chemin ?

— Soyez sans crainte : le monticule où je veux vous conduire n’est plus qu’à quelques pas !…

— Mais il me semble que nous marchons sur l’herbe ! Voyez donc : il n’y a plus de sentier.

— Vous m’amusez avec vos frayeurs, Mademoiselle Raymonde !

— Pourquoi m’avoir amenée ici ?

Il s’arrêta, et cessant de plaisanter :

— Pour vous parler, dit-il.

Je tressaillis. À ces mots, au ton sur lequel ils furent dits, je compris ce qui allait se