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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/66

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LE JOURNAL

passer. Cependant, faisant un effort pour dissimuler ma terreur :

— Vous avouerez, Monsieur, que vous avez singulièrement choisi votre endroit !

Et j’ajoutai naïvement, feignant de n’avoir rien deviné :

— Si vous aviez à me parler, ne pouviez vous le faire là-bas ?… C’eût été du moins plus convenable.

Il ne paraissait pas m’écouter : on eût dit qu’il cherchait et préparait ses phrases.

— Mademoiselle Raymonde, dit-il enfin, tout sot que je puisse vous paraître — je ne suis pas au fond si bête que vous le croyez peut-être — je me rends parfaitement compte de la témérité de ce que j’entreprends à cette heure.

— Monsieur !… Il suffit, n’est-ce pas ! Rentrons.

— Pas avant, du moins, de m’avoir entendu. Je serai bref : je suis trop ému pour vous retenir longtemps. Vous voyez bien que je peux à peine parler… que je tremble devant vous… comme un enfant !

Le fait est que sa voix était mal assurée.

— Raymonde, murmura-t-il tout bas, je vous aime !

Cette révélation, ou pour mieux dire cette