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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/79

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D'UNE FEMME DU MONDE.

sera plus ou moins heureux selon que les capitaux apportés auront été plus ou moins considérables ? Croyez-vous que la première préoccupation, sinon la seule, d’une femme devant l’homme qu’on lui présente comme devant partager sa vie, ses joies et ses chagrins, doive être de savoir quelle fortune il possède. Peut-être aujourd’hui, dans les mœurs actuelles que vous connaissez et que j’ignore, les choses se passent ainsi. Aussi je dois vous paraître bien ridicule, vieux jeu, comme on dit, et je n’aurais jamais osé vous poser pareille question si, en faisant allusion à mon bonheur, vous ne m’aviez autorisée à vous parler de ce sentiment sans lequel le bonheur d’une épouse me paraît impossible ! Le nommerais-je ?… Vous allez rire !… L’amour.

— Mais, Raymonde, je ne sais vraiment pas où tu as l’esprit ! Jamais je n’ai dit que l’argent dût exclure toute affection du cœur. Je crois seulement qu’au bonheur d’un ménage moderne l’argent est aussi nécessaire que l’amour et qu’il faut se préoccuper également de l’un et de l’autre.

— Et quelle est la personne qui vous a paru…