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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/81

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D’UNE FEMME DU MONDE.

façon dont il m’avait pris la main, dont il y avait appliqué ses lèvres, quelque chose d’horrible, de révoltant, que je ne m’expliquais pas, mais que j’aurais rougi de laisser soupçonner, puisque j’en étais la cause.

J’essuyai mes larmes, me calmai autant que je pus et, prenant un air enjoué :

— Quand je dis que je ne peux pas, j’exagère. Mais ce qui est vrai, c’est que je n’aime pas du tout M. Grandidier, qu’il me déplait très fort, et, ajoutai-je en sautant au cou de mon père, comme au temps où, gamine espiègle, je demandais une récompense ou sollicitais une faveur, la volonté de votre fille doit vous suffire !

— Si des raisons sérieuses l’excusent. Mais je crains fort — ou plutôt je l’espère — que l’opinion que tu t’es faite de M. Grandidier ne repose uniquement sur son extérieur peut-être un peu déplaisant, j’en conviens.

— Sur cela… et sur beaucoup d’autres choses.

— Que tu serais fort embarrassée de me dire ! fit mon père en souriant.

J’étais résolue à me taire.

Il conclut :

— Enfin, Tu réfléchiras. Tu vois que je