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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/88

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LE JOURNAL

raison qui ine fait désirer tant la réussite de ce mariage.

— Hélas !

— Songez-y : nos intérêts les plus chers en dépendent ; s’il échoue, c’est la ruine, pis que cela, le déshonneur !

À ces mots un frisson glacial me secoua tout entière. Mes oreilles s’emplirent d’un tel bourdonnement que je n’entendis plus ce que disait mon père.

Peu à peu, je repris possession de moi-même. Mon père parlait toujours :

— Ecoutez une dernière fois le triste exposé de nos affaires.

Je perçus un froissement de papiers.

— Lors de notre mariage vous apportiez en dot dix-huit cent mille francs de valeurs mobilières, et moi le château de Clovers. À la mort de la duchesse de Reuilly, votre mère, vous avez hérité de deux millions ; mon père ne me laissa que quelques menues dettes d’honneur, qu’il me fallut payer. Notre fortune s’élevait alors à environ trois millions et demi, plus le domaine de Clovers.

« Malheureusement nous avions l’un et l’autre le dédain de l’or et la soif du luxe qui ne permettent à aucune fortune, si considérable