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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/89

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D'UNE FEMME DU MONDE.

soit-elle, de résister longtemps. Vous aimiez le monde à la folie : ce n’étaient, à Paris comme à Clovers, que réceptions, dîners, bals, comédies. Moi, j’aimais le jeu et j’aimais surtout à vous voir heureuse, gaie, reine de ces fêtes que vous présidiez avec tant d’esprit et de grâce. Bref, cent cinquante mille livres de rentes ne suffisant bientôt plus, j’aliénai, avec votre consentement, quelques centaines de mille francs de votre fortune. L’histoire de mon association avec le duc de Crey vous est encore présente à la mémoire. Nous avions monté une écurie de courses ; nous faisions chacun un apport de trois cent mille francs. Bon an, mal an, cela nous coûtait une centaine de mille francs par tête. J’aurais bien voulu, dès la troisième année, me dégager de cette association ruineuse, je l’aurais pu, mais le monde eût potiné ; il eût aussi potiné si vos équipages eussent été moins brillants, vos toilettes moins luxueuses, si la maison enfin, qu’on appelait le palais des Borghèse, eut cessé un seul jour d’avoir table ouverte à toutes les célébrités des lettres et des arts.

« Huit ans après notre mariage, notre fortune était réduite à quinze cent mille francs de valeurs et à Clovers.